PRÉ-PRODUCTION
TRADUCTION
Avant de pouvoir produire un film ou une série dans une langue cible, il faut d’abord traduire son scénario. La traduction d’un scénario comporte de nombreux défis et exige du traducteur une excellente capacité de concentration et de nombreuses compétences. Il est primordial de prendre en considération la culture locale et les spécificités lexicologiques, pragmatiques, discursives et syntaxiques. Traduire un scénario consiste à trouver des équivalents aux dialogues et descriptions ou indications scéniques destinés aux acteurs, caméramans et autres membres de l’équipe technique. Ces traductions sont souvent nécessaires lorsqu’il s’agit de trouver des coproducteurs ou des distributeurs dans le cadre d’un projet de film.
Avant que le scénario soit prêt pour le tournage, il faut d’abord passer par plusieurs versions qui devront être continuellement retravaillées, dans un souci de constante amélioration. Si la première version d’un scénario n’est généralement pas envoyée aux agents, sociétés de production ou festivals, il est néanmoins utile — et d’usage dans le milieu du cinéma — de traduire les versions temporaires. Durant l’élaboration de leur scénario, les auteurs coopèrent souvent étroitement avec des sociétés de production ou des personnes basées à l’étranger. Ils doivent donc être à même d’envoyer à leurs collaborateurs ou coproducteurs une traduction à jour de leur toute dernière version. Les traducteurs communiquent régulièrement avec les personnes impliquées dans l’élaboration du scénario, afin de suivre les changements apportés au texte et de pouvoir en discuter.
Les scripts spéculatifs, en anglais “spec scripts”, sont des scénarios ne répondant pas à une commande, mais ayant été écrits par des scénaristes dans l’espoir que leur œuvre soit achetée par un producteur, une société de production ou un studio. Ils ne s’adressent pas à un public particulier, mais plutôt à un lecteur de scripts, qui croule souvent sous les scénarios. Le style doit donc être soigné, afin d’attirer l’attention d’un acheteur potentiel. Les scripts spéculatifs doivent aller à la simplicité et être faciles à lire. Ils mettent généralement l’accent sur les personnages, les dialogues et les didascalies ; une moindre attention est accordée aux indications de jeu, de mouvements de caméra ou de casting. Dans l’ensemble, il est plus important de raconter ici une histoire accrocheuse, plutôt que d’expliquer les aspects techniques inhérents à la production d’un film. Lors de la traduction d’un script spéculatif, le traducteur sera attentif à toutes ces questions. De plus, le rôle du scénario spéculatif étant de mettre en évidence le talent de l’auteur, le traducteur devra faire tout son possible pour rendre dans la langue cible les choix artistiques et formels du scénariste.
Un pitch est une courte présentation d’une idée de film ou d’émission télévisée, qui vise à assurer le financement d’une société de production ou d’un studio, afin de pouvoir développer cette idée sous la forme d’un synopsis, puis d’un séquencier et de traitements, et, enfin, d’un scénario final. Les pitchs sont généralement présentés à l’oral, mais peuvent également prendre une forme visuelle. On y recourt souvent à différentes étapes du projet, par exemple lors du casting, de la distribution et de la recherche de financements supplémentaires. Ces différentes phases ayant souvent lieu dans des environnements internationaux et multilingues, la tâche du traducteur est de coller au style concis et accrocheur du pitch tout en prenant en compte les intentions et spécificités de celui-ci.
Le synopsis est un court résumé de l’intrigue décrivant les principaux événements et idées d’une histoire de manière concise et intelligible. Il esquisse l’arc narratif et expose
brièvement les conflits et le développement des personnages.
Le séquencier est une version plus courte du scénario qui divise l’histoire en plusieurs parties. C’est pourquoi, dans le milieu de la télévision anglophone, il est souvent appelé
la « beat-sheet » (« partition », en anglais : soit un document qui marque les principaux temps de chaque scène, tel une partition).
Sur le plan stylistique, il est souvent rédigé sous forme de liste à puces et peut servir lors du développement de la continuité dialoguée — ou scénario final —, mais aussi durant la production du film. Le séquencier étant généralement uniquement destiné au scénariste ou au producteur, le traducteur doit être très attentif aux termes spécifiques
utilisés, qui servent ensuite de repères pour la production.
Le traitement du film est un texte en prose, généralement rédigé avant la première version concrète d’un scénario. Il est plus long et plus détaillé que le séquencier et inclut parfois des indications supplémentaires sous forme de commentaires. Le traitement peut ressembler à une nouvelle, mais il est rédigé au présent de narration, situant le lecteur au cœur de l’action. Dans les grandes lignes, le traitement d’un film est un compte-rendu simplifié et facile à suivre de l’histoire, qui sert d’orientation pour la narration finale. Le traitement est souvent utilisé comme document de prévisualisation au cours de la phase de financement, afin de définir les personnages et l’histoire d’un scénario envisagé. Le séquencier, en revanche, intervient lors d’une phase de développement ultérieure.
Le tournage d’un film ou d’une série implique toujours une collaboration entre de nombreuses personnes. Chacune des différentes parties défend ses propres intérêts ; la création d’un film comporte donc
une certaine dose de risque. La coopération doit être sécurisée sur le plan juridique, ce qui explique pourquoi sont signés autant de contrats et d’accords. Leur but est de protéger les besoins individuels de toutes les personnes concernées, et ils peuvent être homologués si nécessaire. Les contrats comportant un certain nombre d’options, il est recommandé à toutes les parties de faire appel à un avocat, qui les conseillera et protègera leurs intérêts.
Ci-dessous, vous trouverez une brève description des principaux types de contrats et accords utilisés dans l’industrie cinématographique.
Les contrats d’acteur sont des contrats de travail écrits passés entre les acteurs et les sociétés de production audiovisuelle. Ils fixent la durée de l’engagement, les devoirs des deux parties et les taux d’indemnisation.
En signant un contrat d’option sur un scénario, les producteurs et les studios s’assurent l’exclusivité des droits d’exploitation et d’achat de ce scénario auprès de son auteur. Les droits sont souvent achetés en vue d’un projet ultérieur (par exemple, quand le budget nécessaire aura été sécurisé). En attendant, le projet est mis en attente. Les exécutifs bénéficient toujours d’un délai contractuel durant lequel ils conservent l’exclusivité des droits d’un scénario — c’est ce que l’on nomme le « délai d’option ».
Les accords de coproduction facilitent la coopération culturelle et créative entre les différentes sociétés de production, ou entre un diffuseur ou une plateforme de streaming – et une société de production. Ils définissent les détails de la production (scénariste, réalisateur, durée, etc.), ainsi que la gestion, le financement et la distribution des recettes.
La rédaction de demandes de financement est devenue une tâche incontournable au sein de toute industrie, et ce tout particulièrement dans le milieu du cinéma, où le financement est à la fois indispensable et difficile à obtenir. Les cinéastes peuvent compter sur différentes sources de financement, allant des bourses gouvernementales aux dons issus d’organisations à but non lucratif, en passant par les prix de festivals et d’instituts cinématographiques. Beaucoup de ces acteurs sont, par essence, internationaux, et reçoivent des candidatures du monde entier. La nature multilingue de ces institutions rend l’étape de la traduction nécessaire — une traduction qui reflète la complexité artistique de l’œuvre tout en respectant le règlement et les critères de sélection du programme de financement. Lorsqu’il traduit un dossier de demande de financement, le traducteur doit restituer l’esprit du document original, tout en restant dans la limite du nombre de mots autorisé, afin de rester fidèle à la vision que l’auteur souhaite transmettre. Cependant, et contrairement aux textes purement artistiques, les dossiers de demande de financement doivent être abordés sous un angle technique par un traducteur expérimenté, qui connaît les rouages des programmes de financement et des institutions cinématographiques.
RÉVISION
La relecture d’un texte est l’étape qui précède sa révision. Durant cette phase, la structure et le contenu de la traduction sont comparés à ceux du texte original ; chaque mot est passé au crible. Les relecteurs sont principalement à l’affût de potentielles erreurs grammaticales ou factuelles, et cherchent à améliorer la lisibilité, la fluidité et la tenue du texte. Leur rôle n’est pas d’en réécrire des passages entiers, mais plutôt d’apporter de légères modifications (suggérer des synonymes, de nouvelles formulations) à des segments paraissant étranges ou incohérents.
Les relecteurs sont également attentifs aux variations d’usages d’un pays à l’autre, et aux conventions de ceux-ci en matière de ponctuation et d’orthographe ; le cas échéant, ils effectuent les changements nécessaires. Ainsi, ils devront connaître les différences d’orthographe entre l’anglais britannique et l’anglais américain (par exemple, colour vs. color, organise vs. organize). Au cours de la prochaine étape, les relecteurs consultent le traducteur pour résoudre ensemble les problèmes d’ordre structurel ou sémantique.
La révision est l’étape finale du cycle de correction. Ayant reçu le retour du traducteur avec sa version finale, le fond et la forme de la traduction sont à nouveau inspectés. De nombreux éléments culturels sont pris en compte, tels que
les blagues, les expressions idiomatiques, les allusions et les rimes, qui doivent être adaptés avec soin pour se fondre dans la langue et la culture cibles. Le texte est proche de sa forme finale — la version qui sera très probablement lue — et c’est pourquoi les réviseurs doivent prêter attention au moindre détail, comme les erreurs typographiques ou orthographiques.
En dehors de la correction ou de la révision de scénarios entiers — originaux ou traduits —, les sociétés de production ont parfois seulement besoin du polissage de leurs dialogues ou du scénario intégrale avant de les envoyer à de potentiels coproducteurs. Cela peut être fait dans n’importe quelle langue demandée, parfois sous forme de double dialogue, en fonction des différentes langues parlées par les personnages du film.
PRODUCTION
TRADUCTION
Les coachs linguistiques travaillent sur le plateau ou à distance, soit pour aider à traduire et adapter les dialogues suivant les modifications effectuées, soit pour travailler avec les acteurs sur leur prononciation et leurs intonations. Dans le second cas, l’assistant linguistique peut également intervenir en tant que coach en dialecte, sur place ou en distanciel, et peut même continuer à accompagner les acteurs jusqu’au processus de post-production en les préparant au réenregistrement de certaines scènes en post-synchronisation.
Durant la phase de production, il n’est pas rare que l’équipe de production remarque que certaines répliques ne fonctionnent pas et nécessitent des modifications. Cela peut arriver lorsque le réalisateur ou même l’acteur sent que certaines parties du scénario, lorsqu’elles sont lues à voix haute, ne reproduisent pas la tonalité de la version écrite. Ou bien des personnages peuvent être modifiés ou des scènes interverties, si bien qu’il est nécessaire d’adapter le scénario pour qu’il soit compatible avec la nouvelle version du film. Ces réécritures ou modifications des dialogues doivent également être traduites, afin que l’original et la traduction offrent le même contenu et le même style d’écriture.
COACHING
Le coach en dialogues sur plateau joue un rôle essentiel lorsqu’il s’agit de rendre les dialogues d’un film authentiques. Le coach travaille avec les acteurs dans le but d’améliorer leur manière de parler, qu’il s’agisse d’imiter l’accent d’un natif dans une langue étrangère ou de perfectionner un accent, un dialecte ou un ton de voix dans sa propre langue. Afin de développer un personnage à part entière, auquel on croit, le coach en dialogues effectue des recherches sur son origine culturelle, ethnique et sociale ainsi que sur l’époque. Le coach en dialogues sur plateau est présent durant les répétitions et le tournage pour conseiller les acteurs sur leurs répliques et les avertir de tout changement, ainsi que pour prévenir le réalisateur si l’acteur ne dit pas sa réplique correctement. Il participe également à des entretiens individuels et des séances d’entraînement avec les acteurs afin de concrétiser au mieux la vision du réalisateur.
Ces dernières années, la demande de services à distance a énormément augmenté au sein de l’industrie cinématographique. En raison des restrictions concernant le nombre de personnes autorisées sur un plateau, de la logistique et du coût prohibitifs des trajets internationaux, de nombreux coachs en dialogues travaillent à présent en ligne.
Un coach en dialogues à distance peut planifier avec les acteurs des entretiens et des séances d’entraînement en ligne pour travailler sur leurs dialogues. Durant la phase de production, le coach en dialogues en ligne peut visionner les enregistrements pris sur le plateau et conseiller les acteurs sur leur diction dans un délai approprié.
De manière générale, le coaching linguistique désigne l’enseignement et l’aide à la pratique de langues étrangères. Cependant, il implique habituellement une approche active et ciblée, qui met l’accent sur des entraînements métacognitifs pour atteindre des objectifs linguistiques spécifiques. Le coaching peut ainsi être adapté à des apprenants en langues confirmés possédant une solide base de compétences. Il existe aussi une demande de coaching linguistique dans les domaines du jeu d’acteur et de la rédaction.
La demande mondiale croissante pour divers types de services linguistiques transparaît dans l’industrie cinématographique. On parle souvent différentes langues sur les plateaux, qui ne sont pas forcément toutes maîtrisées par les acteurs ou autres membres de l’équipe.
Les producteurs veulent établir une bonne communication sur le plateau et éviter tout malentendu d’ordre linguistique. C’est pourquoi les sociétés de production aiment parfois recourir à des experts en langues sur le plateau pour traduire les échanges qui y ont lieu (interprètes de plateau) ou pour améliorer les compétences de l’équipe dans une langue spécifique (coachs linguistiques de plateau).
On recommande aux coachs d’observer certaines règles d’enseignement utiles centrées sur la flexibilité, afin de répondre aux besoins de l’apprenant. Les coachs doivent donner des retours réguliers et faire preuve de réflexion et d’empathie.
Souvent, les professionnels de l’industrie cinématographique (et en particulier les acteurs) ont des délais serrés à tenir et doivent parcourir de longues distances pour respecter leurs engagements. Le recours à un service de coaching linguistique en ligne peut alors se révéler plus simple, notamment grâce aux plateformes toujours plus développées de communication et d’apprentissage en ligne.
Le coaching en dialectes (de plateau ou en ligne) est un type de coaching visant à aider l’acteur à concevoir, améliorer ou modifier sa voix et sa manière de parler, afin qu’il puisse jouer un personnage particulier dans le cadre d’une production. Le travail d’un coach en dialectes consiste à mener des recherches approfondies sur des accents et des structures langagières, de préparer des exercices et de donner régulièrement des retours à l’acteur sur la précision et la cohérence de sa prononciation. Les coachs en dialectes accordent une grande attention aux nuances et caractéristiques de prononciation afin d’obtenir le dialecte désiré ou préparer une synchronisation ADR en postproduction.
Cependant, les coachs en dialectes ne sont pas seulement engagés par des acteurs, mais également par des membres d’autres professions. Ainsi, ils peuvent accompagner des chanteurs, travailler avec des conférenciers, ou aider des humoristes à perfectionner leurs imitations de célébrités. Coach en dialogues et coach en accents sont deux autres dénominations courantes pour coach en dialectes.